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Le mythe du partenaire idéal

  • Photo du rédacteur: Chris Alexandre
    Chris Alexandre
  • 3 sept.
  • 5 min de lecture

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Nous recherchons en permanence un prince charmant ou une femme parfaite. Ce rêve, nourri par les contes de fées et les comédies romantiques façonne nos attentes amoureuses. Mais derrière cette promesse se cache une impasse : vouloir cet idéal, c’est risquer de passer à côté du réel. Comment s’en libérer pour construire une histoire plus vraie, à notre image ?


On a tous grandi avec ce mirage : quelque part, il y aurait quelqu’un qui nous attend. Une personne unique, taillée sur mesure pour nos désirs, prête à nous comprendre sans qu’un mot soit nécessaire. L’âme sœur, le Grand Amour, “la bonne personne” : les appellations varient, mais l’idée reste la même. Elle traverse les siècles, depuis le mythe grec de l’androgyne raconté par Platon jusqu’aux comédies romantiques des années 90, comme Quand Harry rencontre Sally, où Meg Ryan et Tom Hanks se retrouvent inévitablement au sommet de l’Empire State Building.


Pourtant, ce mythe, aussi séduisant soit-il, nous rend malheureux, Il installe une attente impossible : qu’une seule personne, quelque part, ait le pouvoir de nous sauver de la solitude. En croyant cela, nous abordons chaque rencontre avec une attente excessive. L’autre n’est plus un être humain à découvrir, mais une série de critères à valider. Et très vite, le rendez-vous devient un terrain miné, où la moindre imperfection devient la “preuve” que ce n’est ni lui, ni elle...



Du devoir conjugal à la tyrannie de la perfection


Pendant des siècles, nos ancêtres n’avaient pas le luxe de se poser ces questions. Le mariage était avant tout une affaire de famille, de terres et de survie. L’amour, quand il venait, était secondaire. On apprenait à aimer son partenaire parce qu’il n’y avait pas d’alternative. C’était souvent injuste et cruel, mais on ne vivait pas dans l’illusion du choix infini.


Puis le XXe siècle a bouleversé la donne. Les femmes ont conquis le droit de divorcer, d’aimer par désir. Les hommes, eux, ont progressivement quitté le rôle de patriarche. La liberté a fait irruption dans l’intime, c’était une révolution libératrice, mais elle a aussi ouvert la porte à une nouvelle anxiété : puisqu’on pouvait désormais choisir, il fallait trouver l’homme ou la femme de sa vie. Plus d’excuses, plus d’arrangements imposés. L’amour devait être une réussite totale, sous peine d’échec personnel. C’est ainsi que le mythe de "la bonne personne" est devenu une injonction tenace. Nous sommes passés du mariage de raison au « couple parfait », avec la même pression, au bout du compte.



Les blessures d’enfance derrière ce désir


Le mythe du partenaire idéal a une racine intime : nos blessures d’enfance. Si vous avez grandi dans un foyer où l’on vous donnait de l’amour, à condition d’être sage et de bien travailler à l’école, il est probable que vous rechercherez aujourd’hui quelqu’un qui vous accepte sans condition. Si vos parents se disputaient sans cesse, vous rêvez d’un partenaire qui incarne l’équilibre et se montre rassurant.


Ce besoin de courir vers cette illusion est le reflet d’une peur ancienne : abandon, indifférence ou humiliation. Nous demandons à l’autre de réparer une histoire qui ne lui appartient pas. Et comme personne ne peut guérir totalement nos blessures, chaque rendez-vous devient alors une suite de frustrations. Reconnaître cela, c’est déjà commencer à sortir d’un cercle vicieux. Parce que le partenaire dont vous rêvez n’adoucira pas vos douleurs secrètes. En revanche, il saura vous accompagner à toutes les étapes importantes de votre vie.



Quand le digital entretient ce vieux rêve


On n’échappe pas à la culture qui nous façonne. Depuis les premiers baisers en noir et blanc jusqu’aux séries Netflix, le récit amoureux a toujours été mis en scène comme une quête de l'amour unique. Dans Sex and the City, Mr. Big incarnait l’archétype de l’homme que l'on attend, même s’il ne cesse de fuir. Dans The Bachelor,  la romance est devenue une émission de téléréalité où les concurrentes se battent pour être « choisie ». Et sur Instagram, chaque couple qui s’affiche enjolive son quotidien à travers des couchers de soleil et des cafés parisiens. Le problème, c’est que ces images s’impriment en nous. Même inconsciemment, nous nous comparons. Si notre dîner en amoureux ressemble davantage à une pizza au resto du coin qu’à un tête à tête dans un palace, nous pensons que quelque chose cloche. Cette course sans fin entretient l'idée trompeuse que la perfection réside ailleurs, jamais ici.


Et pourtant, l’histoire de chaque couple est faite de rebondissements et de conflits. Cette réalité est au cœur de la relation, mais nous cherchons à la minimiser.


L’arrivée d’Internet a transformé notre quête de bonheur en industrie, et, avec l’arrivée de Tinder, tout s’est accéléré. En une heure, on peut voir plus de visages que nos grands-parents n’en croisaient dans toute une vie. Derrière ce flux, l’idéal s’est transformé en promesse algorithmique. “Quelqu’un correspond à vos critères, il suffit de le trouver.” Le paradoxe est bien réel : plus nous avons d’options, moins nous savons choisir. Chaque profil devient un produit X ou Y ; nous les faisons défiler, tandis que la petite voix intérieure répète sans cesse : “Et si quelqu’un de mieux m’attendait au prochain swipe ?”



Ce que nous recherchons vraiment


Le “partenaire idéal” n’existe pas. Celui ou celle que nous espérons rencontrer n’est que le miroir de nos manques. Nous voulons quelqu’un de drôle parce que nous nous trouvons trop sérieux. Une personne stable parce que nous doutons de nous-mêmes. Un amoureux tendre, car nous avons peur de notre propre rigidité. Autrement dit : nous projetons sur l’autre ce que nous n’osons pas affronter en nous. Le danger, c’est que cette vision-là fausse la rencontre. On juge la personne selon ce qu’elle devrait être à nos yeux. Et quand elle déçoit — ce qui est inévitable —, on se persuade que la suivante fera mieux.


Le mythe se glisse dans les détails les plus banals du quotidien. C’est ce rendez-vous où l’on rejette l’autre parce qu’il n’a pas choisi le bon vin, cette conversation où l’on décroche parce que son humour ne correspond pas exactement au nôtre... un silence que l’on interprète comme un manque d’intérêt, alors qu’il traduit simplement la nervosité. Ce sont ces détails qui ruinent nos histoires, parce que nous ne voyons plus l’autre ; juste l’écart entre lui et l’image que nous avions construite. Et à ce petit jeu personne ne sera gagnant.


Une autre manière d’aimer


Pour échapper à l’impasse, il est nécessaire de revoir nos attentes. Il s’agit de créer ensemble une histoire imparfaite, mais solide. Un couple se renforce en transformant les faiblesses de chacun en complicité : c’est cela qui unit bien plus qu’une perfection de façade.


Comme beaucoup, j’ai cru longtemps à toutes ces sornettes J’ai couru après cette chimère, passant d’une histoire à une autre avec la conviction que la prochaine serait “la bonne”. Ce qui m’a aidé, c’est de comprendre que l’amour se construit jour après jour, grâce aux attentions répétées que l’on a l’un pour l’autre. Aujourd’hui, après des années de vie de couple, je sais que l'objectif à atteindre ne se limite pas à une quête assez vaine. La réussite, en amour, se mesure plutôt par un équilibre que l'on maintient constamment, malgré les obstacles.


C’est cette conviction qui m’a poussé à écrire Comment survivre à un date afin d’offrir une autre vision : sortir de l’illusion et revenir à l’essentiel.

 
 
 

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